Présentation :
Debussy est le Voyage imaginaire ?
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.
José-Maria de Hérédia
La question n’est pas de savoir si Claude Debussy lui-même aimait voyager – il semble bien que la réponse soit non ! …
… Mais, ô combien, il voyageait en imaginaire ! Comme tous ceux de son époque il recevait les émotions du lointain en un voyage immobile. Après les « esquisses pittoresques » de l’époque romantique étaient venues les photographies d’horizons incroyables, telle celles la mission des Archives de la Planète d’Albert Kahn. Puis encore le cinéma, qui après 1895, offre à voir la vie du vaste monde dans ses tous mouvements. Enfin, Debussy puise dans les grandes Expositions Universelles qui proposent, comme les trésors entrevus par Hérédia, un concentré chatoyant du génie humain, Là il y retrouve la splendeur russe, l’inconnu de l’Extrême Orient (en 1889), et ailleurs, dans ce Paris si attirant, il croise l’Espagne et tant d’autres impressions…
C’est le rythme éternel de la mer, le vent dans les feuilles, et mille petits bruits qu’ils écoutèrent avec soin, sans jamais regarder dans d’arbitraires traités.
Monsieur Croche et autres écrits, 1913
Nourri de tant de rêves, de nouveautés, loin des contraintes d’un Occident qui se définit dans des traités – dont ceux de solfège ou de composition qu’il avait fuit lors de ses années de Conservatoire – il trouve enfin l’essence même de sa quête et devient voyageur lui même, voyageur imaginaire au long cours qui nous entraine dans sa marche.